Note générale : |
"À l'intérieur de la communauté islamique, le monde iranien a formé dès l'origine un ensemble dont les caractères et la vocation ne s'élucident que si l'on considère l'univers spirituel iranien comme formant un tout, avant et depuis l'Islam. L'Iran islamique a été par excellence la patrie des plus grands philosophes et mystiques de l'Islam; pour eux, la pensée spéculative ne s'isole jamais de sa fructification et de ses conséquences pratiques, non point quant au milieu 'social', mais quant à la totalité concrète que l'homme nourrit de sa propre substance, par-delà les limites de cette vie, et qui est son monde 'spirituel'.
Le monument que Henry Corbin présente ici en quatre volumes de sept livres est le résultat de plus de vingt ans de recherches menées en Iran même. Sa méthode se veut essentiellement phénoménologique, sans se rattacher à une école déterminée. Il s'agit pour lui de rencontrer le fait religieux en laissant se montrer l'objet religieux tel qu'il se montre à ceux à qui il se montre. Le phénoménologue doit donc devenir l'hôte spirituel de ceux à qui se montre cet objet et en assumer avec eux la charge. Toute considération historique restera donc ici immanente à cet objet, sans lui imposer du dehors quelque catégorie étrangère, considération dialectique ou autre.
Le premier volume (livre I) s'appliquait à montrer quelques aspects essentiels du shî'îsme duodécimain ou imâmisme, fortement implanté dès les origines en Iran, et devenu depuis le XVIe siècle religion officielle.
Ce second volume (livre II) est consacré aux philosophes 'ishrâqiyun' (de 'ishrâq', le lever du soleil, son "orient"), souvent désignés comme "platoniciens" par rapport aux péripatéticiens de l'Islam. A l'origine, il y eut un jeune penseur génial, Sohrawardî, mort à trente-six ans en martyr de sa cause (1191) et dont les œuvres voulurent ressusciter la Sagesse de l'ancienne Perse, la philosophie de la Lumière et des Ténèbres, rapatrier en Perse islamique les Mages hellénisés et cela grâce à l'herméneutique (le 'ta'wil) dont la spiritualité islamique lui offrait les ressources."
(4e de couv.)
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