Résumé : |
- La vision du passe : une montée de conscience
La paléontologie, en nous permettant d’étudier le passé terrestre sur une tranche épaisse de
quelque trois cent millions d’années, nous montre que la vie se meut, qu’elle a une histoire.
« De dix millions en dix millions d’années, la vie fait pratiquement peau neuve4 ».
De plus, ce mouvement s’accomplit dans un sens déterminé qui va clairement vers un
accroissement de conscience et de liberté :
- accroissement d’autonomie (mouvement dans les eaux, conquête de la terre en rampant,
course grâce aux pattes, possibilités de voler) ;
- redressement de l’axe de l’animal (libération des mains et horizontalité du regard chez
les grands reptiles, petits mammifères, primates) ;
- accroissement de conscience (liée au développement et à la « céphalisation » du
système nerveux : développement du cerveau).
Et cela aussi bien chez les animaux invertébrés (méduses, vers. Mollusques, crustacés,
insectes) que chez les vertébrés (poissons, reptiles, oiseaux et mammifères).
« Du plus bas au plus haut du monde organique se dessine clairement, sous l’effort de nos
recherches, une poussée persistante des formes animales vers des types à systèmes nerveux
toujours plus riches et plus concentrés.
« Innervation croissante et « céphalisation » croissante des organismes : cette loi est
lisible dans tous les groupes vivants que nous connaissons, chez les plus petits comme chez
les plus grands. On peut la suivre chez les Insectes comme chez les Vertébrés, de classe en
classe, d’ordre en ordre, de famille en famille... II y a un stade amphibien du cerveau ; et un
stade reptile ; et un stade mammifère. Et, à l’intérieur des Mammifères, nous voyons le
cerveau grossir et se compliquer avec le temps chez les Ongulés, chez les Carnassiers, chez
les Primates surtout. En sorte qu’on pourrait tracer une courbe continuellement montante de
la Vie en prenant comme abscisse le temps et comme ordonnée la quantité (et qualité) de
matière nerveuse existant sur Terre à chaque époque géologique.
« Qu’est-ce à dire, sinon que, trahie par l’accroissement des systèmes nerveux, une
montée continuelle, une marée de conscience se manifeste objectivement sur notre planète au
cours des âges ?5 ».
Une telle augmentation constante, irrésistible et irréversible de conscience, ne traduit-elle
pas quelque processus profond de l’évolution universelle ?
II y a des dizaines d° milliers d’atomes groupés en une seule molécule de virus, des
centaines de milliers de molécules dans une seule cellule ; il y a des milliers de millions de
cellules dans une seul cerveau, des milliers de cerveaux dans une seule fourmilière ou dans
une vaste société humaine.
Donc la montée de conscience, de psychisme semble accompagner un mouvement
universel qui au cours du Temps pousse la matière à s’agréger, à s’arranger, à a se
complexifier ».
Ce qui permet au Père Teilhard d’avancer cette constatation. Sans quitter le terrain des
phénomènes observables (science) :
« La plus grande des découvertes faites par notre siècle est probablement d’avoir reconnu
que la marche du Temps doit se mesurer principalement par un assemblage graduel de la
Matière en groupements superposés, dont l’arrangement, toujours plus riche et mieux centré,
s’auréole d’une frange toujours plus lumineuse de liberté et d’intériorité :
« Ces phénomènes de conscience croissant sur Terre en raison directe d’une organisation
toujours plus avancée des éléments, de plus en plus compliqués, successivement construits
par les ressources de la chimie et de la Vie : je ne vois pas, à l’heure présente, de solution
scientifique plus satisfaisante à l’énigme posée par la marche physique de l’Univers6 ». |