Résumé : |
Claude Tresmontant a été un remarquable professeur de "penser". Après un saisissant "Essai sur la pensée hébraïque" (1953) il a déroulé ses analyses avec le même esprit de rigueur et d'ouverture, en particulier dans cette "Introduction à la pensée de Teilhard de Chardin" (1956) où il présente avec maîtrise le coeur de la réflexion visionnaire du Père Teilhard.
Il s'agit, "regardant l'ensemble du réel, du point de vue objectif qui est celui de la science, d'en présenter un exposé systématique et d'en dégager les lois et postulats essentiels jusque et y compris l'existence de Dieu." C'est, en d'autres termes, une lecture MACROSCOPIQUE des phénomènes physiques amenant à une autre signification de l'Evolution jusque dans ses conclusions hyper-physiques. Soit "une loi de récurrence, appelée loi de complexité-conscience, qui voit et fait voir ce que devient et exige l'homme si on le place tout entier et jusqu'au bout dans le (seul) cadre des apparences" (p.22)
Je ne puis que conseiller avec insistance la lecture de ce livre (encore si jeune malgré son âge) pour deux raisons. La première, c'est parce que l' audace de la vision teilhardienne est montrée d'abord comme construite sur cette constante et exclusive prise en compte de toutes les facettes phénoménologiques de la connaissance que nous avons de l'homme et de l'univers. En sorte que la cohérence de son propos s'impose en pleine lumière. La seconde tient à l'actualité , à l'urgence en somme, d'une pédagogie de l'humanisme moderne. L'homme confronté à ses contradictions et qui semble perdre un peu partout les repères de son histoire trouve ici les plus solides raisons d'espérer en son avenir. C'est tout l'art de Tresmontant de nous rendre à l'évidence des thèses d'un savant qui ose aller au delà des certitudes "mondaines" .
Je ne souhaite pas en dire plus, parce que l'émotion vive d'une (re)lecture de cet ouvrage me somme de rester en-dedans. Il y a des livres dont on ne peut pas parler au-delà d'un certain point, parce que leur importance relève d'une vérité inexprimable.
Celui-ci en est un, par la conjonction de deux grands esprits. Rare. |