Temple et Tradition
Accueil
Temple et traditions
Catégories
(1)
Affiner la recherche
De migratione abrahami N° 14 Philon d'Alexandrie / PHILON d'ALEXANDRIE
Titre : De migratione abrahami N° 14 Philon d'Alexandrie Type de document : texte imprimé Auteurs : PHILON d'ALEXANDRIE, Auteur ; Jacques CAZEAU, Traducteur Editeur : Paris : Cerf Année de publication : 1965 Collection : Les oeuvres de Philon d'Alexandrie num. 14 Importance : 243 p Format : 20 x 12.5 cm Langues : Français (fre) Catégories : Judaïsme [17]:Histoire du judaïsme [17.4] Index. décimale : 25 Monde grec & philosophes Note de contenu : Extrait d'une recherche de Marie-Hélène Congourdeau.
C’est ce thème de la migration que nous voudrions lire, à travers le traité que lui a consacré Philon. Ce texte énigmatique mêle réflexion philosophique et lecture biblique, parcourant l’Écriture en une démarche faite d’allers et retours. Ici, plus qu’ailleurs, Philon se révèle un lecteur juif, qui prend la Bible comme un tout, la méditant dans sa lettre et son esprit pour en découvrir le sens caché, la parole de Dieu exprimée dans des paroles d’hommes.Philon ne savait évidemment pas que le texte de la Genèse dans son état actuel (qu’il avait sous les yeux dans les rouleaux grecs de la Septante) est postérieur à l’exil à Babylone, et que son déroulement chronologique est une reconstruction. La lecture qu’il en fait s’abstrait pourtant avec une grande liberté des contraintes de la chronologie; il parcourt la Genèse comme un pays, en tous sens; partant de la migration d’Abraham, il évoque Jacob, Moïse, Joseph, Isaac, sans souci de logique apparente, parce qu’il recherche n’est pas dans l’enchaînement historique mais est caché dans le récit, et qu’on ne peut le découvrir que par une lecture intertextuelle,dans laquelle un thème en appelle un autre Abraham, sur la parole de Dieu, quitte la terre de ses pères. Selon l’allégorie, il quitte le monde de la sensation pour aller vers l’intelligible. Il quitte la Chaldée, pays de ceux qui cherchent dans l’observation de la nature les causes de ce qui est, «comme (s’ils avaient) assisté à la création du monde» (DMA, 137) et part en quête du créateur. Sa migration connaîtra des étapes: d’Ur à Haran, c’est-à -dire de l’opinion à la sensation (DMA,187), puis d’Haran à Canaan.Isaac est celui qui ne bouge pas. Né dans la terre de la promesse qu’il ne quitte pas,il est «celui qui sait de lui-même, de lui-même apprend, sans rien emprunter à l’éducation qui dispense le lait aux enfants, celui qu’un oracle divin a retenu de descendre en Égypte» (DMA, 29). Il est don de Dieu, donné par Dieu à Abraham et lui-même donné à Dieu, dans le sacrifice esquissé sur le mont Moria; sa migration est une migration immobile, en Dieu.Jacob a fui Esaü pour se réfugier chez Laban; sur la parole de Dieu, il quitte sa terre d’exil et entame sa migration pour retourner vers sa terre. C’est Dieu qui le conduit, il n’a qu’à se laisser faire, Dieu comble celui qui s’abandonne à lui. Sa migration est tout entière reçue (cf.DMA, 30); il est celui qui se laisse «migrer» par Dieu, si l’on peut oser ce néologisme. Joseph, exilé en Égypte, y mourra mais ses 3os retourneront dans la terre promise (cf. Ex 13, 19); pour Philon, il accomplit de cette façon sa migration, étant de «la race des Hébreux, qui toujours voyagent du sensible vers l’intelligible (hébreu se traduit par émigrant)»(DMA, 20). Les routes de la migration sont multiples: routes de l’intériorité, de la pratique des commandements, de l’abandon à Dieu. Les errances d’Abraham donnent à Philon l’occasion de les explorer.Abraham est un migrant. Philon comprend l’appel «Va-t-en loin de tout cela» (Gn 12, 1)comme signifiant: «Adopte une mentalité d’étranger par rapport à ces réalités»(DMA, 7). Il faut reconnaître qu’on n’est pas chez soi, que la situation d’où l’on part est un exil où l’on ne doit pas s’installer. La migration première d’Abraham sera donc une conversion, un retournement en vue d’un retour, que Philon transpose sur le plan philosophique comme un abandon du monde des apparences: «Va-t-en donc loin du terrestre qui te cerne. Allons, échappe-toi de la prison infâmante du corps.»(DMA
L’arrachement au monde illusoire ne se fait pas d’un seul coup. On dit qu’Abraham partit d’Ur en Chaldée. Ce n’est pas exact: lorsqu’il entend l’appel de Dieu, Abraham a déjà quitté Ur avec son père et s’est installé à Haran (Gn 11, 31). C’est là que Dieu l’appelle.Pour Philon, cette double migration est à lire comme une démarche en plusieurs temps. Abraham quitte d’abord la Chaldée, figure de la science vaine et de l’opinion (DMA, 179). Et là ,Dieu l’appelle à un second exode: «Sors de ta terre, de ta parenté et de la maison de ton père» et à une nouvelle étape: «pour aller vers la terre que je te montrerai»(Gn 12, 1). C’est donc une intervention divine qui permet à Abraham de s’arracher à la vaine science et à la tyrannie des sens.
Trois siècles avant Plotin, Philon lit cet appel comme une expérience d’éveil qui conduit à une migration intérieure(DMA, 191).Quittant le monde de l’opinion et de la sensation, Abraham rentre en lui-même, ce qui est une façon de «sortir», et là est toute l’intuition de Philon, d’autant plus étonnante qu’il ne connaissait probablement pas l’hébreu (la question est disputée). La traduction de l’hébreu «Va vers toi-même»(Gn 12, 1)ne se retrouve pas dans la Septante, qui dit simplement: «Pars, quitte». Philon, s’il ne lisait pas l’hébreu,connaissait des commentaires rabbiniques et a pu rencontrer cette signification du vers et biblique. Quoi qu’il en soit, la migration se fait vers l’intérieur. Le voyage vers Dieu est un voyage à l’intérieur de soi, parce que la demeure de Dieu est à l’intérieur de l’homme: «La parole est dans ta bouche et dans ton cœur» (Dt 30, 14), car, dira la Nouvelle Alliance,«le royaume de Dieu est au-dedans de vous» (Lc 27, 21)...Exemplaires (1)
Code-barres Cote Support Localisation Section Disponibilité 02261 25 PHI Livre Bibliothèque principale Membres Disponible