Titre : |
L'oubli de l'Inde |
Titre original : |
Une amnésie philosophique |
Type de document : |
texte imprimé |
Auteurs : |
Roger-Pol DROIT, Auteur |
Editeur : |
PUF |
Année de publication : |
1989 |
Collection : |
Perspectives Critiques |
Importance : |
262 p. ; broché |
Format : |
20 cm x 13,5 cm |
ISBN/ISSN/EAN : |
978-2-13-042453-6 |
Langues : |
Français (fre) |
Tags : |
Hegel, Nietzsche, Schopenhauer, philosophie occidentale au XIXe s. |
Index. décimale : |
32.1 Hindouisme |
Note de contenu : |
Que s’est-il passé, pour que les philosophes oublient l’Inde ? Oubli double. Il concerne d’abord les matériaux immenses aujourd’hui mis à disposition par les recherches indianistes. On ne fera croire à personne que leur masse énorme ou leur technicité peuvent, à elles seules, suffire à expliquer dans quel mépris, généralement, on les tient. Car l’abondance des informations, leur spécialisation, l’apprentissage que leur maniement requiert, sont aussi écrasants, sinon plus, dans d’autres champs du savoir. Or la réflexion philosophique ne s’est pas absentée, pour autant, de ceux-ci. Je pense, par exemple, aux mathématiques, à la physique quantique, aux théories de l’information.
D’une façon peut-être plus étrange, cet oubli concerne, d’autre part, le rapport de la philosophie à elle-même, à son passé proche, aux discours de quelques-uns de ses maîtres, et non des moindres. Que s’est-il passé, pour qu’elle en perde, presque totalement, mémoire ? Quelle amnésie explique que l’on puisse rencontrer aujourd’hui, au hasard d’allusions vagues ou d’analyses titubantes, des inepties dont le siècle dernier, pourtant bien loti, eût rougi de honte ?
En abordant ces questions, les pages qui viennent ne prétendent pas être très assurées de leurs réponses. Elles esquissent quelques hypothèses, révisables, qui demanderont à être reformulées, ou abandonnées. Que les solutions ébauchées soient incertaines et provisoires, voilà qui n’est pas grave. Il importe plus d’entrevoir qu’un problème capital est en jeu dans l’histoire de cette découverte et de cet oubli de l’Inde par la philosophie européenne.
Ce problème, il convient d’abord de le débusquer, quitte à le voir échapper à des rets encore trop lâches. Car cette affaire, complexe et multiforme, ne peut se réduire à un épisode mineur de l’histoire des idées. La constitution des discours philosophiques contemporains, l’image que la pensée occidentale se fait d’elle-même, y trouvent certaines de leurs racines les moins aperçues.
De cela, au moins, je suis convaincu. Si quelques lecteurs le devenaient aussi, en dépit de toute autre divergence possible, ce serait déjà beaucoup. |
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