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JEAN RICHER, qui, il y a quelques années, a établi avec Albert Béguin le texte des œuvres complètes de Gérard de Nerval (1), auquel il a d'ailleurs consacré sa thèse de doctorat, vient de publier sur la Grèce antique un ouvrage inattendu (2), érudit et assez étrange pour séduire et intéresser ceux que ne satisfait pas l'idée traditionnelle que nous avons du monde grec. L'étude de Nerval n'est d'ailleurs pas étrangère à la genèse de ce nouveau livre. Elle a familiarisé Jean Richer avec les cheminements secrets et les correspondances symboliques de l'astrologie. Devenu professeur à l'École française d'Athènes, il a tenté de découvrir sur le sol grec la trace de la grande cosmologie, presque oubliée, dont nous ne connaissons que les mythes et les fables.
Le livre est attachant parce qu'il est d'abord le récit d'une aventure passionnée, celle de Jean Richer lui-même parcourant la Grèce à la recherche des indices qui peuvent confirmer son intuition fondamentale. Promeneur infatigable et travailleur obstiné, ce qui l'intéresse est moins les sites et les monuments que les correspondances qu'il pourra établir entre ces lieux privilégiés.
L'intuition était simple. Il s'agissait de voir, en premier lieu, si les divers emplacements remarquables, et principalement les sanctuaires, ne dessinaient pas un vaste épure qui serait sur la terre la projection géométrique du ciel. Il semble bien que cette hypothèse ait, sans qu'il l'ait expressément désiré, conduit Jean Richer du côté des spéculations les plus récentes (3) sur les cosmologies anciennes, quand l'homme prétendait pouvoir régner sur l'espace s'il devenait maître du temps. Cette première relativité du temps et de l'espace est simplement le résultat des observations que les hommes ont faites du système astronomique (ou zodiaque). Les distances terrestres n'étaient pour ces astronomes hardis que des mesures angulaires d'étoiles. Celui qui connaissait les lois du mouvement périodique des astres (le temps) était le maître des distances (l'espace). Cet ordre du temps, qui était l'ordre du cosmos, fixait le destin de la vie et le sort des âmes. |